L’arrêt des aides à l’achat en Europe, notamment en Allemagne, a entraîné une baisse des ventes de véhicules électriques, favorisant ainsi les voitures à essence et diesel. Cette évolution perturbe la croissance du marché de l’électrique en 2023, remettant en question les plans européens visant à mettre fin aux véhicules thermiques d’ici à 2035.
La transition énergétique ne semble plus d’actualité pour les automobilistes. Certaines marques qui avaient amorcé leur transition vers l’électrique, en abandonnant des modèles thermiques à fort volume, se retrouvent en difficulté car elles ne parviennent pas à compenser cette transition en retrouvant des ventes dans le domaine électrique. Le consommateur, qu’il soit un particulier ou une entreprise, est roi.
Les lancements de véhicules thermiques se succèdent
Un autre exemple illustrant cette dynamique est la déclaration de Mercedes : « Les clients et les conditions du marché détermineront (désormais) le rythme de la transformation énergétique. » Cette annonce faite par Ola Kaellenius, P-DG de Mercedes-Benz, met en lumière une réalité tangible dans l’industrie automobile. Elle souligne un écart croissant entre l’offre et la demande sur le marché automobile. En effet, les consommateurs sont de plus en plus réticents à s’intéresser aux gammes de véhicules dont le renouvellement est uniquement motivé par les exigences des normes CAFE et l’approche de l’interdiction de la vente de nouveaux véhicules thermiques d’ici à 2035.
À l’heure où la transition énergétique du parc roulant est sur toutes les lèvres, les statistiques du mix énergétique des ventes de véhicules neufs rappellent la domination des moteurs thermiques au sein de l’Union européenne, jusqu’à voir le retour en grâce du diesel en janvier dernier ! Avec 35,2 % des ventes, les véhicules à essence trustent d’ailleurs la première place en Europe sur le premier mois de l’année. Ils précédent l’hybride avec 28,8 % des commandes, devant le diesel (13,4 %). Des modèles qui disposent tous d’un moteur à combustion interne. L’essence et le diesel représentent près d’une vente sur deux. Les voitures électriques (10,9 %) et l’hybride rechargeable (7,8 %) ferment la porte.
Et des nouveautés dans le diesel
Malgré la croissance des ventes des véhicules électriques, les constructeurs tels que Volkswagen n’hésitent d’ailleurs plus à présenter leurs nouveautés équipées de moteurs diesel et essence, à l’image des Passat et des Tiguan, contrairement à la stratégie de Stellantis. De son côté, Mercedes-Benz vient d’annoncer la prolongation de la production de ses modèles thermiques au-delà de 2030. Un rétropédalage qui voit aussi Citroën proposer désormais son Berlingo en version essence… après un lancement exclusivement en électrique.
Il faut dire que les contraintes réglementaires telles que l’indicateur CAFE mettent à mal les ventes des constructeurs, dont les gammes ne correspondent plus toujours aux attentes des acheteurs. Malgré l’extension des zones à faibles émissions, ces derniers préfèrent bien souvent reporter leurs achats, faisant plonger le marché du véhicule neuf en France, malgré le sursaut de l’an dernier avec 1,8 million de voitures commercialisées.
Le client choisit le thermique
La vitalité commerciale des véhicules thermiques s’explique aussi par des facilités d’usage, et des considérations financières. Outre le surcoût (de l’ordre de 10 000 euros) à l’achat des voitures 100 % électrique, les incertitudes de leurs valeurs résiduelles interrogent jusqu’aux loueurs comme Hertz et Sixt. Les géants de la location ont d’ailleurs fait machine arrière face à la volatilité et à la dépréciation des véhicules électriques dont les modèles Audi et Tesla perdent jusqu’à 30 % de leur valeur en un an. Malgré leurs obligations en matière de verdissement des flottes, les leasers privilégient la valeur sûre des voitures diesel ou essence. De là à penser que les prochaines élections européennes s’accompagnent d’une clause de revoyure ajournant la fin des motorisations thermiques prévue en 2035…